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Notes Lunatiques
9 novembre 2009

Jour 57 : de la pugnacité mentale du mollusque

Je rappelle à mes aimables et fantastiques lecteurs  que ceci est une fiction, et que tout délire évoquant de loin ou de très très loin la réalité est à prendre au 42è degré. Au moins.


« Mois 1 à 3 : Module Battle Royale,

Mois 2 à 4 : Cours de raffermissement mental.

Vous avez jusqu’à présent acquis grâce au Battle quelques réflexes imposés par votre instinct de survie, c’est bien.

Mais pour l’instant vous n’êtes que des mauviettes, qui rampent par terre en pleurnichant à la moindre difficulté. Et ça, ça ne vous mènera nulle part. Ramper ne permet pas d’escalader les échelons vers le sommet, condition pourtant nécessaire si vous espérez devenir autre chose que des rats de laboratoire. Et pour ça il vous faut des bras assez fort pour vous hisser de marche en marche. Et pour ça surtout, il vous faut des couilles. Je vous élèverai de votre pitoyable condition de mollusques à celle d’hommes, que vous le vouliez ou pas. Vous avez le monde à conquérir, oui ou non ?

Eho, je vous cause, OUI OU MERDE ?

- Oui Monsieur…


- Toi, là, viens ici, oui toi, Miss Mèches-roses-trop-choupi. Quel est ton matricule ?

- Fille n°11, Monsieur.

- OK, n°11, est-ce que tu tiens bien sur tes deux jambes ?

- Bah… Je suis debout devant vous, Monsieur.

- Bordel, t’es abrutie en plus ? Je te demande pas si tu sais marcher, mais si tu sais rester debout sans vaciller quoi que… je te fasse.

- Ah, ça ! Et bien… Ca fait des années que j’y travaille, Monsieur.

- Montre-moi ça, crevette ! »


Je me mets avec application en zenkutsu-dachi, position basse censée assurée la stabilité de mon corps face à une attaque, et me concentre quelques instants sur mon centre de gravité trouvant son point d’équilibre. Puis je lance un regard de défi au professeur bodybuildé qui me fait face. Des années que jy travaille. Mais la vie n’est qu’une éternelle remise en question.


D’un hochement de tête silencieux, le prof lance le début de l’exercice, et empoigne un levier que je n’avais pas vu, dépassant d’une grosse machine tapie au fond de la salle. Aussitôt les néons s’éteignent, et des dizaines de voix s’élèvent dans un murmure frénétique. Je pense d’abord que les autres élèves en ont après la soudaine obscurité, jusqu’à ce que je reconnaisse une voix parmi le flot, une voix que je n’aurais jamais pensé entendre ici.


« Mais, qu’est-ce que tu fais là ? »

La voix ne me répond pas. Elle se contente de répéter inlassablement un air déjà entendu, au creux de mon oreille :

« Conquiers le monde si tu veux, mais sans moi. Tu trouveras un autre collaborateur. Tu trouveras un autre collaborateur. Tu trouveras… »


Un sentiment abyssal de tristesse et d’impuissance me submerge. Je me plaque les mains sur les oreilles et me courbe en avant.

« Tais-toi, tais-toi ! »

Mais la voix, comme toutes les autres, est dans ma tête. Je me concentre sur une deuxième pour conjurer la précédente, mais elle m’accueille par un rire cristallin, aussi badin que méprisant, teintée de douleur cuisante, d’échec et d’humiliation. Pas la défaite des apprentis conquérants de 2000, s’il-vous-plaît, pas ça… « Tu n’as fait que ça jusqu’à présent ? » « Tu ne seras jamais reconnue par tes pairs. » A quel moment me suis-je mise à genoux ? Rageuses ou bienveillantes, méprisantes ou compatissantes, les voix s’allient en un gigantesque tourbillon qui me secoue comme un prunier avant de me laisser à terre, épuisée et suppliante. J’entends un timbre paternel me chuchoter « c’est pour ton bien que je dis ça », puis je perds connaissance.


geektest


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